Il était aux alentours de 18heures lorsque je quittais l'agence, après une journée à faire ce que je faisais tous les jours, depuis maintenant plus de cinq ans. En effet, être à la tête d'une grande agence de mode n'est pas une mince affaire. De plus, je n'avais pas trop choisi d'être là au début mais je me devais d'accepter ce qu'on m'avait proposé pour honorer ma chère mère. Tout a commencé à cause d'elle et puis c'est un peu pour elle que je continue maintenant, même si j'ai pris goût à mon métier. (a) Ma journée de travail s'était donc achevée et l'envie de me balader à travers LA me prit. Bien évidemment, je n'allais pas rentrer chez moi sans passer par le starbucks, mon repaire pour mon café du soir. Je pris donc ma voiture, une petite smart noire que je me suis offerte pour mes vingts ans et partis en direction du cafetier le plus célèbre au monde. Je me garais non loin de l'entrée puis entrais dans la bâtisse.

Je regardais les personnes qui s'y trouvaient déjà dans l'espoir de reconnaître quelques têtes, souriante. Personne. Décidément, ce n'était pas mon jour pour croiser des amis ou des connaissances. Tant pis, cela n'allait pas atténuer mon envie de boire mon café. Je rejoignais donc le bar et commandais un frappuccino chocolaté, tout en jetant un coup d'oeil à mon téléphone. Je disais que ma journée de travail était finie mais je passais quand même quelques petites minutes à vérifier mon agenda électronique, à guetter mon téléphone au cas où l'on m'appellerait.

Ce soir là, il y avait énormément de monde dans le café. J'adressais un sourire franc au serveur lorsqu'il me donna ma commande, puis attendais un peu avant de commencer à boire mon frappuccino.

18 heures allait bientôt s'afficher à ma montre, je me dépêcha donc de terminer les sutures que j'étais entrain de faire sur un patient qui avait fait une très vilaine chute à vélo. J'avais hâte, vraiment hâte que cette journée ce termine enfin. Même si j'adore mon boulot par dessus tout, il y'a des jours où je préférerais rester bien au chaud dans mon lit.

Ma journée avait était plus qu'éprouvante, des tonnes d'opération, de point de sutures et surtout des morts. La mort c'est quelque chose qui fait partie intégrante de ce travail mais quand il s'agit d'un enfant, tout devient plus dur. Si on ne peut pas l'éviter elle est plus supportable, mais dans ce cas elle aurait pu être évitée, si ma bande d'interne incompétent avait juger bon de me biper au lieu d'essayer tout seul de s'occuper de ce gamin, qui n'était venu à la base que pour une simple appendicite !

Je ne voulais pas rentrer chez moi directement, je voulais me changer les idées & pour cela quoi de mieux qu'une petite balade dans L.A ! Je prit donc ma voiture, une Mini Cooper rouge, et je commença à me diriger vers une petit parc ou j'avais l'habitude d'aller pour me détendre. En route je passa devant le Starbucks, le cafetier le plus célèbre du monde, je changea donc d'avis et je fit demi tour pour aller en direction de celui-ci. Je gara ma voiture juste devant l'entrée, puis je m'engouffra à l'intérieur. Il y avait un monde fou, à croire que tout les gens avait décider de venir boire un coup après le travail. Je cherchais une tête connu dans la foule mais je ne reconnu personne, tant pis, cela n'allait pas m'empêcher de me poser pour boire un verre. La queue au bar était immense, j'alla donc m'asseoir pour attendre qu'elle diminue un peu. De ma table j'avais une vue direct sur le bar et c'est là que je vis une tête connue, enfin. C'était Mélina une de mes très bonnes amies. Je me leva donc pour me diriger vers elle à pas de loup, pour ne pas qu'elle m'entende, puis une fois à sa hauteur je mit mes mains devant ses yeux tout en lançant d'une voix rauque, afin qu'elle ne me reconnaisse pas « Bonsoir charmante demoiselle, je peut vous tenir compagnie ? » Je me retint de rire tout en laissant mes mains sur ses yeux en attendant sa réaction.

C'est alors que je mis à siroter mon frappuccino, bien chaud en évitant de me bruler les lèvres. Par ailleurs, je ne cessais pas de regarder le monde fou qui se trouvait à l'intérieur du café. Effectivement, il me semblait que tout le monde s'était donné rendez-vous là après le travail. Une chaleur énorme se fit sentir à cause de la foule qui s'était créée en moins de quelques minutes. Lorsque des personnes payaient à la caisse leur commande, d'autres arrivaient de nulle part. Infernale, c'était le rythme de travail qu'avaient les serveurs. Je les plaignais lorsque je les regardais servir les clients.

Pour ma part, mon travail est devenu un accomplissement personnel puisque j'ai toujours rêvé de travailler dans le domaine de la mode. Bien évidemment, je songeais plus à être devant les podiums et non derrière.. Et pourtant, la vie en a décidé autrement. Elle m'a propulsé à la tête d'une entreprise qui a su se faire un nom au fil du temps. Cinq ans qu'elle fonctionne, qu'elle est connue par les plus grandes personnalités de ce milieu féroce qu'est la mode. Autrefois, dans ma petite jeunesse, j'aurai pu devenir mannequin ou styliste.. mais ma chère maman a décidé de m'offrir sa boîte, étant donné qu'elle n'était plus apte à la faire évoluer. Je ne pus qu'accepter son cadeau puisque j'étais sur le point de terminer mes études, en même temps. De ce fait, moi qui partais dans l'intention de défiler sur les podiums.. je me retrouvais avec une grande entreprise qui gère les mannequins mais aussi les photographes, les stylistes et j'en passe encore.

Soudain, lorsque j'eus fini de siroter en douceur ma tasse de frappuccino, je sentis des mains venir cacher mes yeux. Une voix qui m'était familière se fit entendre. Un sourire se dessina sur mon visage, puis je pris la parole.

Jade, c'est toi ! lançais-je de vive voix, tout en tenant ma tasse entre mes mains.

Le Starbuck ne désemplissait pas. Je me tenais toujours debout dérriére Mélina, mes mains couvrait toujours ses yeux, j'attendais sa réaction qui ne tarda pas à arriver. Elle me lança un « Jade c'est toi » je retira mes mains de ses yeux et me placa sur le tabouret qui se trouvait à côté d'elle. « Oui c'est moi, mais comment tu l'a deviné ? » Après tout cela pouvait être n'importe qui d'autre que moi.

Mélina & moi étions vraiment de très bonnes amies, nous nous entendions vraiment très bien. Certes de temps à autres il arrivait que nos discussions soit électriques, car ayant toutes deux un fort caractère nous ne nous laissons pas marcher sur les pieds. Mais j'adorais tout de même Mélina, c'était une fille extra, qui gagnait vraiment à être connue. J'aimais passer du temps avec Méli après une dure journée comme celle ci. C'est mon petit rayon de soleil, qui, rien que par sa présence, me remonte le moral, sans avoir besoin de dire un mot.

J'étais maintenant assise à côté d'elle. Je l'observais sans rien dire comme pour attendre sa réponse. Puis je me tourna vers le serveur pour lui commander un Milk Shake. Quelques minutes plus tard j'avais ma boisson entre les mains. Je la siroter tranquillement. Puis je me tourna tranquillement vers mon amie « Alors ma belle tu as passée une bonne journée ? C'est super que l'on se retrouve ici ! Comme quoi parfois le hasard fait bien les choses. » J'esquissa un sourire et me remis à boire mon Milk Shake

Comment ne pas reconnaître les douces mains de Jade. En effet, la demoiselle et moi même sommes amies depuis pas mal de temps. Bien évidemment, entre nous la vie n'a pas toujours été rose. Ils nous arrivent des moments où l'on vient hausser le ton puisque nous avions toutes les deux un fort caractère.. Et forcément, ça ne peut pas toujours faire bon ménage. Toutefois, Jade est une amie que j'apprécie beaucoup. Elle est assez spéciale, je trouve et c'est peut-être pour ça que je la considère énormément. Evidemment, la retrouver ce soir inopinément au Starbucks me faisait sourire.

Je t'ai reconnu à la douceur de tes mains mais aussi à ton parfum, lui dis-je avec le sourire pendant qu'elle s'asseyait à mes côtés.

Effectivement, le starbucks ne se désemplissait pas. Décidément, tout le monde s'était donné le mot pour venir envahir notre coin préféré pour siroter un bon café ou encore un milkshake. Pour ma part, un frappuccino ou un cappuccino fait l'affaire. Après une dure journée, à signer des papiers, à rencontrer des dirigeants des autres entreprises, à regarder défiler les mannequins pour n'en choisir que quelques unes pour les futurs grands évènements de Los Angeles.. tout ça était un boulot qui pouvait être infernal. Sans la passion, je n'irais pas bien loin. Heureusement, j'ai pu gagner au fil du temps de la détermination mais surtout une organisation de taille en adéquation avec mon travail, qui me tient vraiment à coeur.

Une journée comme les autres mais sinon à part ça tout va bien. Et toi ? Pas trop dur le travail ? lui répondis-je tout en buvant une gorgée de ma tasse. C'est vrai que c'est assez étonnant de se retrouver ici sans que l'on se soit donné rendez-vous.

Le hasard ? Je n'y crois pas vraiment. Je pense que toute chose qui nous arrive est là pour une raison ou une autre. Après, les soucis existent mais il y a une solution à tout.. du moins, c'est ma philosophie de vie. Tout est possible à celui qui croit.

Mélina m'avait reconnue grâce à mon parfum, et il était vrai que je portais toujours le même donc il n'était pas difficile de me reconnaître. J'étais contente de me retrouver ici avec elle. Ma soirée s'annonçait bien meilleurs que ne l'avait était ma journée. Plus le temps passait plus la foule qu'il y avait à l'intérieur du Starbuck diminuait. On pouvait enfin s'entendre parler. Je continuais de boire mon milkshake tout en me plongeant dans mes pensées en attendant la réponse à la question que je venais de lui poser.

La retrouver ici, m'avait, l'espace d'un instant, fait oublier ma terrible journée. Etre chirurgien ce n'est pas de tout repos. C'est dur, vraiment dur. Enfin ce qui est dur c'est de rester des heures au bloc, faire tout son possible pour un patient pour finalement aller annoncer à sa famille qu'il n'a pas survécu à l'opération. Ce métier je l'ai choisi certes, mais une fois dans le vif du sujet, il s'avère que c'est bien plus difficile que ce que l'on nous apprenez à la fac de médecine. Si je n'était pas vraiment passionnée par ce que je fais, j'aurais arrêter depuis bien longtemps, mais malgré la difficulté, malgré la pression & surtout malgré la mort, j'aime mon travail & je n'en changerais pour rien au monde. Je fus tirée de mes pensées lorsque j'entendis Mélina répondre à ma question et me la retourner ensuite. « Ma journée ? Mhhm comment te dire ? C'était une journée de merde, vraiment. A cause d'une bande d'incapable j'ai perdu un enfant d'à peine 10 ans. » je bus une gorgée de ma boisson avant de reprendre « Mais bon maintenant je suis là avec toi alors je vais tâcher d'oublier cette mauvaise journée et passer une bonne soirée » Je reposa ma boisson que j'avait gardée en main, sur le bar et esquissa un sourire à Mélina.

Effectivement, la soirée continuait son cours. Le starbucks commençait à se vider, petit à petit mais surement. On pouvait enfin s'entendre et parler doucement au lieu de crier comme des malades quelques minutes auparavant. Je regardais Jade avec un grand sourire. La croiser ici, me permettait de penser à autre chose qu'à mon travail ou mes soucis du moment. Parce que là, j'en avais pas mal .. mais heureusement que la vie ne s'arrête pas là sinon je serai déjà morte à cette heure-ci.

C'est alors que Jade me conta sa rude journée.. m'annonçant la mort inopinée d'un jeune enfant d'une dizaine d'années suite à une opération prise en charge par des médecins quelque peu capable de faire correctement leur travail. Je rangeais mon sourire à grande vitesse, suite à cette nouvelle.. Se réjouir de la mort d'un jeune enfant ? Non merci. C'est trop pour moi! Un peu d'humanité ne nous ferait pas de mal.. de plus ôter la vie à quelqu'un qui n'a même pas commencé à vivre, c'est cruel bien que l'on ait fait certainement un maximum pour le soigner. - C'est vraiment horrible ça ! lui dis-je. Un enfant en plus ! Ce n'est jamais une chose facile de se regarder en face en ayant sur la conscience la mort de quelqu'un qui aurait pu être sauvé.. je te comprends.

Son histoire me rappela soudainement mon père.. cet individu que je n'ai pas eu le temps de connaître puisqu'il a disparu de la surface de la terre lorsque je n'étais qu'une gamine. Bien évidemment, je compris un peu plus tard quand ma mère me raconta notre histoire.. qu'il était atteint d'un cancer et que les médecins n'avaient pu rien faire pour l'aider à vivre un peu plus. C'était écrit.